Grand Père Antoine, Barthélemy et les autres.

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samedi, janvier 17 2009

6) Les conséquences d'un accident



6) Les conséquences d’un accident.

            Cet événement qui n’était pas vraiment grave changea beaucoup de comportements dans le village.

Dans la journée, on traînait Valentin sur une brouette aménagée en civière afin qu’il puisse profiter de la vie de la petite équipe.

Grand-père avait préparé un divan dans la salle à manger pour allonger le pauvre enfant condamné à l’immobilité pour le reste de ses vacances.

Chacun rivalisa d’ingéniosité pour le distraire.

Nicolas, comme d’habitude, eut la sagesse d’organiser un plan de journée.

- Toi, Jonathan, tu vas lui lire une histoire !

Jonathan avait un don pour la comédie et se contorsionner pour prendre des postures suivant les situations à représenter.

- Ah, oui je veux bien. Qu’aimerais-tu Valentin, comme sorte d’histoire ?

- Je ne sais pas, dit Valentin, ce que tu aimes, toi !

            Jonathan apporta son livre des Fables de La Fontaine et se mit en devoir de les interpréter :

Le coche et la mouche

 

Dans un chemin montant, sablonneux, malaisé

Et de tous les côtés au soleil exposé

Six forts chevaux tiraient un coche.

Femme, moine, vieillards, tout était descendu.

L’attelage suait, soufflait, était rendu.

Une mouche survient, et des chevaux s’approche,

Prétend les animer par son bourdonnement,

Pique l’un, pique l’autre, et pense à tous moments

Qu’elle fait aller la machine,

S’assied sur le timon, sur le nez du cocher.

Aussitôt que le char chemine,

Et qu’elle voit les gens marcher,

Elle s’en attribue uniquement la gloire,

Va, vient, fait l’empressée : il semble que ce soit

Un sergent de bataille allant en chaque endroit

Faire avancer les gens et hâter la victoire.

La mouche, en ce commun besoin

Se plaint qu’elle agit seule, et qu’elle a tout le soin ;

Qu’aucun n’aide aux chevaux à se tirer d’affaire.

Le moine disait son bréviaire ;

Il prenait bien son temps !

            Les copains font cercle autour du lit de Valentin. Jonathan caricature les héros de la fable. Tous sont enchantés de le voir singer le moine lisant son bréviaire, essayant de chasser la mouche obstinée. Valentin pleure de rire et Grand-père Antoine pleure de bonheur de voir Jonathan enfin occupé à distraire le petit accidenté.

   - Seigneur, nous ne comprenons pas tes desseins. Pardonne notre manque de confiance, mais je suis sûr que tu nous aimes.

            Toinette arrive à ce moment avec un verre rempli de jus de poires qu’elle a confectionné avec les fruits du jardin en les pressant dans une mousseline :

   - Tiens, mon petit Valentin, reprends des forces !

            Les copains rient sous cape de voir Toinette combler son petit protégé.

            C’est alors qu’arrive Sonia.

   - J’ai entendu dire que tu es ici Valentin, je suis venue te dire que je suis navrée de ce qui t’arrive .J’ai trouvé une Suite pour violoncelle et orgue de Caix d’Hervelois, j’ai apporté la partition pour que tu la regardes un peu mais il faudra attendre un moment avant que tu puisses la jouer !

   - Sonia, je suis vraiment content que tu viennes prendre de mes nouvelles. C’est gentil à toi. Pour l’audition que nous devions faire ensemble, on verra ça plus tard, hélas. Mais toi-même que travailles-tu en ce moment ?

Les copains étaient interloqués et secrètement ravis de voir la belle Sonia toujours si distante, se dégeler un peu et affronter leurs regards moqueurs.

   - En ce moment, je déchiffre un choral extrait de la Cantate 147 de Bach, « Jésus que ma joie demeure ! »

   - Ah ouais, ça on connaît, c’est trop fort ! Si on allait tous à l’Eglise, tu nous le jouerais ?

Jonathan, dépité de voir l’attention se détourner de lui, ne put s’empêcher de dire :

   - C’est nul la musique d’orgue, moi j’aime que le hard rock !

On remit Valentin sur sa brouette et tout le monde partit vers l’église. Monsieur le curé était au presbytère, on lui demanda les clefs, il fut consentant et aida Valentin à franchir les marches du parvis et l’installa sur un banc.

Sonia mit le moteur en marche, un affreux cornement se fit entendre.

- Ah, dit le Père Gildas c’est l’humidité et, en riant, leur lança plaisamment : à moins que ce ne soit encore une facétie du petit violoniste ! Il aime interférer pour gêner les personnes qui entrent dans l’Eglise, si quelquefois elles avaient eu l’intention de prier le Seigneur qui les y attend !

Sonia qui avait l’habitude des caprices de l’orgue actionna quelques tirasses et le cornement s’interrompit enfin pour laisser place à la musique de Jean-Sébastien Bach.

Les copains furent saisis par la beauté des sons de l’instrument à tuyaux qui trouvaient leur résonance dans les voûtes de leur belle église. Le soleil passait à flots dans les vitraux jouant de leurs couleurs sur les dalles du pavé.

Un grand moment de paix les saisit. Le Père Gildas en profita pour leur expliquer quelques scènes bibliques décrites par les vitraux et sentant l’atmosphère propice au recueillement et à la ferveur, il leur chanta un cantique de l’Ancien Testament[1]

Béni soit l’homme

qui s’appuie sur le Seigneur

le Seigneur sera son appui

 

Il sera comme l’arbre

planté près des eaux

qui pousse, vers le courant, ses racines.

 

Il ne craint pas

quand vient la chaleur

son feuillage reste vert

 

L’année de la sécheresse,

il est sans inquiétude

Il ne manque par de porter son fruit.

 

Sonia avait discrètement accompagné la psalmodie du prêtre avec un jeu de fonds.

Lorsqu’ils sortirent de l’Eglise, les jeunes ne pouvaient plus parler, l’émotion avait été trop forte. Jonathan, bouleversé murmura :

-C’était super !

            Nicolas dit au prêtre :

   - Ce serait bien qu’on recommence une séance comme celle-ci !

     Le prêtre répondit :

   – Si cela vous faisait plaisir, je pourrais vous emmener à Saint Wandrille, car les moines prient comme cela six fois par jour.

   - Ce serait … génial ! dit Valentin… Vivement que je sois guéri…

 

 



  1. [1] Jr 17, 7-8

mercredi, janvier 14 2009

5) L'accident

5) L’accident

            Les deux premiers jours furent ceux de l’enthousiasme et de l’élan juvénile .Tous les habitants du village défilaient et apportaient leurs commentaires :

-  Eh ! Barthélemy, t’en as de la chance, d’avoir une telle équipe de copains !

-  C’est bien, les gars,  mais il faudrait décaper plus à fond !

-  Dites donc, l’enduit, faudrait peut-être le poncer avant de mettre la peinture !

            Jonathan rôde avec sa mobylette et commence à trouver que le jeu du « service rendu » est un peu long.

   - Nicolas, viens-tu à la piscine avec moi ?

  - Non, mon vieux, je commence seulement à mettre le blanc !

La mob décrit des cercles devant l’échafaudage, fait des dérapages de plus en plus serrés

   - T’es nul, par cette chaleur… Moi je veux aller à la piscine !

Une énième accélération de la mobylette, trop près de l’échelle de Nicolas et la roue arrière dérape. Patatras ! L’échelle perd pied, bascule, entraînant le pot de peinture blanche qui tombe à terre, dans une giclée de plusieurs mètres de large ! Jonathan, la mob, la chemise hawaïenne, tout est atteint. Les baskets sont remplies et, horreur,  le moteur est noyé !…

            Toinette, attirée par le fracas et les exclamations, se bat les flancs, d’autant plus que les carreaux de la maison sont maculés.

   - C’est-y pas possible, ma Doué ! C’est-y pas possible !

Jonathan est atterré et surtout vexé, d’autant plus qu’il est responsable de cette catastrophe.

Un grand silence suit ce moment désastreux. Les jeunes sont tous rassemblés, interloqués, autour de la tache se demandant comment éponger une telle quantité de peinture.

  - Eh bien ! Qu’est-ce qui vous arrive, les gars ? 

C’est le Père Gildas, le curé du secteur, qui les interpelle.

- C’est pas de ma faute, murmure Jonathan. Ils n’avaient pas attaché l’échelle, j’savais pas, moi, j’aurais jamais cru que cela aurait pu arriver... enfin j’voulais pas…

Le Père Gildas détend l’atmosphère par un grand éclat de rire :

 - Eh bien vous voilà plus blancs qu’après confesse ! Bon, allez, ce n’est pas un drame ! On va éponger tout cela. D’abord, on va mettre du sable, puis avec des vieux journaux, on finira en frottant avec de l’essence.

        Le Père Gildas a retroussé le bas de son pantalon et ses manches de chemise et le voilà qui prête son concours au ramassage du magma blanc avec une bonne humeur qui fait merveille. Le malheur est maintenant réparé, la glace est rompue. Une fois encore grand-père Antoine a réuni tout le monde autour d’un jus de fruit, dans le jardin, sous la tonnelle. Il est ravi de voir les jeunes réunis autour du Père Gildas qui prend la parole :   

   - J’étais venu vous proposer de participer au spectacle qu’organise le baron d’Estelin dans la cour de son château, pour la Saint Martin !

         Il s’agit de jouer un mystère du Moyen âge et nous avons besoin de figurants, jongleurs, musiciens, enfin, chacun selon ses compétences. Est-ce que cela vous plairait ?

   - Ouais, drôlement que cela nous plairait !

   - Si vous le vouliez, je vous ferais répéter vos rôles et je vous apprendrais les chants pour jouer les troubadours .Mademoiselle Yvonne vous ferait les costumes, enfin on essaierait de faire au mieux pour que cela soit présentable !

Tous, y compris Jonathan, se trouvèrent un talent pour quelque rôle. Et les imaginations les portèrent à connaître une fébrilité nouvelle.

            Les jeunes étaient enchantés de cette perspective et, plaisantant sur les divers rôles qu’ils pourraient choisir, remontèrent sur leur échafaudage pour se remettre au travail.

Grand-père Antoine était complètement submergé par tant de remue-ménage.

   - Monsieur le Curé, murmura-t-il, moi je veux bien les accueillir pendant le temps des travaux, mais calmez-les un peu !

   - Ah ! Père Antoine, j’ai mon plan, ne vous inquiétez pas.

Les gars, tout en maniant leurs pinceaux, chantaient à tue-tête leur joie de vivre. Les projets qu’ils imaginaient les mettaient dans un état d’excitation qu’ils ne contrôlaient plus très bien.

            C’est à ce moment précis que le tracteur du père Mathurin débouche du carrefour avec une remorque pleine de paille de la moisson et passe au niveau de la maison.

   - Chiche !crie Valentin

- Chiche ! répond Barthélemy et hop ils se jettent tous les deux sur la paille qui, mal arrimée, verse sur le trottoir…

            Valentin fait un vol plané et atterrit lourdement sur le trottoir d’en face.

   - Hélas, hélas, mon petit Valentin ! Toinette, affolée, s’était précipitée…

On le crut mort, on déplora ce geste insensé. Valentin s’en tira avec la jambe gauche cassée.

Grand-père Antoine se démenait dans tous les sens, atterré par cet accident stupide et inquiet de la responsabilité qu’il avait prise d’avoir accepté l’aide de ces jeunes fous. Le père Gildas regardant Antoine avec tendresse lui dit :

   - Les voies du Seigneur sont impénétrables…Ayez confiance, Il sait ce qu’il fait. C’est dur, parfois, mais la sagesse s’acquiert par l’expérience. Cette épreuve est sans doute nécessaire…

 

 

4 ) La peinture des colombages

La peinture des colombages.

Barthélemy ne laissa pas tomber l’idée de repeindre la façade de la maison de son grand-père. Aussitôt arrivées les grandes vacances, il mit les copains sur le projet. Nicolas alla avec Valentin chez Monsieur Gatineau qui promit d’installer l’échafaudage. Leur gentillesse fit merveille pour réunir les objets nécessaires ; ils se débrouillèrent pour trouver des pinceaux, des couteaux à mastic, une ponceuse, de la peinture etc.…On discuta longuement pour organiser le chantier, savoir si on devait reboucher les trous avec du rubson ou garder le style normand en reconstituant du torchis, quelles couleurs on allait employer pour les pans de bois, etc.…

Grand-père Antoine était inquiet : toute cette jeunesse sans expérience et sans méthode de travail allait le mettre à l’épreuve. Il était content de les voir si pleins d’énergie et d’enthousiasme et en même temps, il était affolé à l’idée de changer son rythme de vie.

   - Mon Dieu, donne-moi la force de les supporter, ils sont gentils mais ils me fatiguent, tu sais bien que je ne souhaite que la tranquillité…enfin, Seigneur, si c’est ta volonté…

            Grand-père jette un regard sur son icône, un Christ en majesté, qui semble lui dire :…

 

   - mais oui, Antoine, je vais te donner la force nécessaire. Fais-les entrer dans ta maison. Tant pis, s’ils font du désordre.  Prends patience, ils vont être pleins de poussière, tu leur donneras à boire et puis vous vous parlerez…Tu pourras leur dire quel est l’Amour qui te fait vivre…Tu leur feras connaître Qui est mon Père et tu leur apprendras, peut-être, à  Le prier [1]

La porte s’ouvre :

   -   Bonjour, grand-père Antoine ! Est-ce quon peut avoir un seau pour lessiver les murs ?

   -  Toinette, as-tu un seau ?

   -Ah ! Seigneur, dans quel état qu’ils vont me l’ rendre ! Faites-y bien attention, parce que mon seau, il est propre, à c’t’heure !

   - Toinette, tu te mets en peine pour peu de chose. L’essentiel est qu’ils soient serviables ! [2]

            Peu à peu, les colombages sont décapés. Valentin a eu une poussière dans l’œil. Toinette lui a mis des gouttes d’Optrex et lui a donné des tartines de Nutella. C’est son petit préféré. Les autres sont bien gentils aussi, mais on les entend beaucoup : ils interpellent les passants !

   - Eh ! Mademoiselle, venez voir nos travaux !

Mademoiselle Yvonne est l’institutrice, à la retraite, de l’école du village. Elle marche vite car elle va à la Messe du matin.

   - Qu’est-ce que vous faites, mes gaillards ?

   - On refait la façade de la maison du grand-père de Barthélemy ! Ça nous amuse drôlement !

   - Ecoutez, je file à la Messe et au retour, je passerai chez Germaine et je vous rapporterai des croissants, on déjeunera ensemble chez Antoine.

Ils se réjouissent déjà à l’idée des croissants et aussi un peu méchamment à la perspective de la faire enrager avec son « Bon Dieu » qu’elle enseigne à tous propos.

   - Alors Mademoiselle,commencent-ils alors qu’ils sont tous réunis autour de la table où Toinette leur a versé un chocolat chaud, non sans avoir exigé qu’ils se lavent les mains et qu’ils sedéchaussent avant d’entrer : Alors, c’était bien , la Messe ?

 - Vous savez, mes enfants, je ne saurais m’en passer ! Ce rendez-vous quotidien avec mon Seigneur !

   - Ah ben, ça alors ! Nous, on s’ennuie à la Messe, alors on se demande pourquoi cela vous fait plaisird’y aller !

   - Mais, vous vous ennuyez à la Messe, parce que vous n’avez pas compris que vous y êtes attendus par Quelqu’un qui vous aime ! C’est un rendez-vous d’Amour 

   - Un rendez-vous damour, Mademoiselle Yvonne !

Les jeunes commencent à se balancer des coups de pieds sous la table en riant ouvertement.

   - Oui, pour moi c’est cela ! Et puis on désire savoir toujours plus pour connaître Celui qu’on aime. Monsieur le Curé nous explique les Ecritures saintes. Moi cela m‘éclaire et m’aide à mieux comprendre la Révélation.

   - C’est quoi la Révélation ?

   - C’est Dieu qui se donne à connaître, à travers la Parole, à ceux qui le cherchent et rentrent peu à peu dans son Mystère.

            Grand-père Antoine jubile :

   - Merci Seigneur d’avoir mis sur mon chemin une aide aussi précieuse en la personne de Mademoiselle Yvonne. Elle, elle a fait des études et va savoir leur parler de Toi. Ils vont commencer à entrer dans ton Amour, moi je ne sais pas bien dire combien je t’aime, mais tu as bien voulu te servir de ma pauvre maison pour les faire entrer et Te connaître.

 



[1] Mt 11, 28-30 : « Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau, et moi je vous soulagerai »

[2] Luc, 10,38-42 « Marthe, Marthe, tu te soucies et t’agites pour beaucoup de choses, mais une seule est nécessaire. »

jeudi, janvier 8 2009

Réponse au commentaire numéro 1

Mon cher Ambi

J'ai aimé ton commentaire, un peu narquois, mais je le mérite car je sais être tout à fait dépassée. Qu'importe,je cherche à entrer en relation avec des jeunes qui sont souvent désemparés car pas assez formés.

Merci d'avoir pris la peine d'écrire un petit mot  Je reste à ton écoute !

samedi, décembre 6 2008

3) La réunion place de la Mairie

3) La réunion place de la Mairie.

            Barthélemy arrive le premier sur la Place de la Mairie. Il attend un peu, appuyé avec son vélo, le long d’un poteau indicateur, tout en pédalant à l’envers.

Le village est apaisé après un jour qui a été assez chaud et les adultes commencent à apprécier le repos de la soirée. Les uns regardent encore les nouvelles à la télévision, les autres (surtout les femmes) essaient de faire coucher les plus jeunes qui ne veulent pas dormir. Il faut leur raconter une histoire et puis une autre, et cela sans fin.

            Les adolescents se sentent trop grands pour aller se coucher alors qu’il fait encore jour. Barthélemy, dans un fracas de bruit et de poussière, voit arriver en trombe, Jonathan, l’enfant terrible de la bande, sur une mobylette flambant neuf. Devant le regard émerveillé de Barthélemy, Jonathan fait un dérapage contrôlé et s’arrête net.

    - T’as vu ma trottinette ? Chouette, hein ?

   - Drôlement ! La chance !…mais tu ne la forces pas un peu ?

   - Ouais, je l’ai trafiquée avec mon cousin, pour qu’elle frôle le 70…

   - Mais dis donc, quel boucan, tu nous défonces les oreilles… !

   - Eh ben, c’est exprès ! Mon cousin Kévin, lui, il met de l’alcool dans sonessence pour pétarader plus fort…

   - Oui, cela tamuse, cest vrai, mais cela embête beaucoup de gens. Tiens, par exemple, les petits enfants narrivent pas à sendormir et Germain, lui, il travaille chez Renault, il doit se lever à 5 heures du mat, il voudrait pouvoir sendormir tôt

   - Qu’est-ce que tu veux que ça me fasse…Moi, d’abord, il faut que je m’éclate…

Barthélemy n’ose pas trop contredire Jonathan qui le jugerait trop ringard

   - T’es quand même gonflé, mon vieux, les autres, tout de même, ça existe…

   - Et pourquoi ? Eux, ils s’occupent pas de nous ou alors que pour nous critiquer : et «fais pas ci» et «fais pas ça» et «tu devrais être gentil avec ta mère» et «n’énerve pas ton petit frère» et «ton travail à l’école est nul» et «tu vas voir, mon petit !…la vie va te dresser» et toute leur morale, moi j’en ai marre !…

   - D’accord, t’en as marre, moi aussi parfois, je m’ennuie à l’école, Mais, je réfléchis un peu. Tu vois, moi, c’est mon grand-père qui s’occupe de moi, ben il pourrait dire qu’il en a marre parce que c’est fatigant pour lui. Mais non, lui, il fait tout ce qu’il peut pour m’élever le mieux possible.

   - Moi, mes parents, ils sont séparés. La semaine chez ma mère, leweek-end chez monpère, enfin quand cela ne le dérange pas, surtout avec l’autre qui ne peut pas me voir. Je ne sais même plus quelle est vraiment ma maison. Alors ma mob, c’est tout pour moi.

   - Mon grand-père, lui, il dit que Dieu nous aime, qu’il nous a envoyé son fils Jésus, par amour pour nous, que Jésus est venu sur terre pour nous faire connaître le Père éternel, Celui qui a fait le ciel et la terre, qu’Il veut faire alliance avec les hommes et que nous sommes tous frères et que nous devons nous aimer les uns les autres. Tout cela c’est quand même super, c’est ça qu’on nous enseigne au caté.

   - C’est complètement idiot, dépassé, des histoires pour nous faire tenir sages et gentils alors que les adultes, eux, ne font que se jalouser se disputer, exercer leur pouvoir.

Moi, d’abord, le caté, il ne faut plus m’en parler, la Messe non plus, d’ailleurs. Moi, je suis de mon époque. Ma mob, çà c’est du réel, du concret, quand je la pousse à fond, je me défonce, c’est trop fort !

   - Ouais,  mais l’année dernière, quand Nicolas s’est jeté sous une moissonneuse et qu’il a eu une fracture du crâne, on n’était pas fiers. Rappelle-toi. On se demandait tous s’il s’en sortirait. Quand les gendarmes ont dû prévenir ses parents, nous étions tous en piteux état !

     A ce moment arrive Valentin, le petit dernier de Marcelline, la mercière :

   - Ah ben dites donc ! Vous êtes en pleine fièvre, les gars ! Quest-ce qui vous met dans ces états-là ?

   - C’est à cause de la mob de Jonathan. IL l’a trafiquée pour qu’elle soit plus bruyante ! Alors moi, je trouve que ce n’est pas tellement chouette !

            Valentin hésite, il ne veut pas passer pour un bébé :

   - Le bruit, cest marrant ! Enfin ça dépend Des fois, cest quand même un peu gênant, ça peut même faire mal aux oreilles, quand on a une otite, par exemple !

   - Ah toi aussi, tu trouves que ça fait mal ?

Hier soir, jai été au concert de musique baroque, à léglise. Cétait sympa : violoncelle et flûte à bec Eh bien, il y a une mobylette qui faisait le tour de léglise, on nentendait même plus la musique à lintérieur Les personnes qui voulaient écouter étaient furieuses, il y en a qui ont dit à monsieur le Maire que sa commune était dirigée par une bande dincapables et cela a provoqué une vraie dispute.    

On dit que la musique adoucit les mœurs, eh ben, hier, ce nétait pas le cas ! A la sortie du concert, cela a été un vrai règlement de comptes, la femme du maire pleurait, ma mère ne savait plus comment se sortir de cette situation embarrassante. Elle avait aidé à organiser la vente des billets pour rendre service et finalement tout le monde était mécontentelle a trouvé ça vraiment lamentable!

Jonathan ricane :

   - Tout ça pour une mobylette qui frime ! Mais cela ne m’étonne pas. Les vieux n’aiment pas les jeunes, ils veulent du silence. Nous on aime la vie, que ça bouge enfin…

Là-dessus arrive Nicolas :

   - Salut les amis, je parie que vous parlez de la dispute d’hier soir, provoquée par la mobylette pour le moins…pénible ?

   - Oui,répond Barthélemy, il y a eu des incidents vraiment regrettables pour la bonne entente de notre petite ville, des « incivilités », comme on dit maintenant.

   - Ecoutez les gars, tout ça sont des malentendus, des énervements idiots. Si on faisait quelque chose pour rattraper un peu cet incident ridicule…

      Barthélemy n’ose pas trop s’avancer mais il a une idée :

   - Mon grand-père, il est âgé et il n’a plus beaucoup de forces…

   - Et alors, qu’est-ce que tu veux qu’on y fasse ? dit Jonathan.

   - On pourrait peut-être lui donner un coup de main ?propose Nicolas.

   - Oui, il se tracasse parce qu’il voudrait repeindre ses colombages et qu’il a du mal à monter sur une échelle !

   - Bon ! S’il n’y a que ça, on lui repeindra pendant les grandes vacances.

   - Ouais,s’écrie Valentin, ce serait drôlement chouette, on s’amuserait bien, on pourrait mettre un échafaudage

   - Sûrement, reprend Nicolas, enchanté de cet élan spontané, je connais Monsieur Gatineau, le maçon, peut-être qu’il pourrait nous en prêter un…

     

Barthélemy revient à la maison .Grand-père l’attend :

   - Ah  mon petit gars ! Je commençais à m’inquiéter. Mais je voulais t’attendre avant d’aller me coucher.

   - Tu sais, grand-père, les copains, ils ont une idée géniale… Ils veulent repeindre tes colombages pendant les grandes vacances !

   - Ah ! Seigneur, les bons petits…Et moi qui les jugeais trop bruyants, je n’avais pas compris qu’ils sont plein de jeunesse, mais, au fond, ils ne sont pas  méchants ! 

 

 

samedi, novembre 1 2008

2) Grand Père Antoine, Barthélemy et les autres.

2) A quoi sert la vie ?

   - Toinette ! (C'est sa servante) Toinette ! Où est Barthélemy ?

   - J'sais t'y moué, à c't'heure, y n'en fait qu'à sa tête!

- Allons, allons Toinette, il est à l'âge où l'on commence à sentir pousser ses ailes ! 

Il ne va d’ailleurs sans doute pas tarder à rentrer, car il doit avoir faim !

   - Ah ça ! Pour sûr, y dévore… et pour ce qui est de m'aider à faire la vaisselle… vaut mieux pas trop y compter…

            La porte s'ouvre, à ce moment, à grand fracas. On peut voir, posée contre le mur, une bicyclette d'un modèle ancien.

    - ah! Te voilà, mon grand ! dit grand-père les yeux pleins de tendresse.

   - Ouais, j'ai crevé. Heureusement, Claude, le garagiste, il a bien voulu me prêter sa bécane, mais ça m'a retardé.

   - Lave-toi les mains, mon garçon, on va dire la prière.

Tous se signent: «  Bénissez-nous, Seigneur, bénissez ce repas, ceux qui l'ont préparé et procurez du pain à ceux qui n'en ont pas. Ainsi soit-il. »

           Assis sous le vieux lustre fait dans un ancien joug de bœufs, les trois personnes ne font plus entendre maintenant que le lapement des bouches affairées à vider les cuillers:

- Alors, grand-père ? T'as fini de planter tes pommes de terre ?

 -    Oui, mon gars, j'ai eu un temps superbe. Et toi, comment as-tu passé ta journée ?

  - J'ai eu une bulle en français ! Mais, je m'en fiche, le français ça ne sert à rien. D'abord, moi, je veux être garagiste ou bien réparer des machines agricoles, alors…Chateaubriand, qui s'écrit avec un d, Saint-Simon qu'était même pas un saint, Saint Exupéry qu'en n'était pas un non plus, comment veux-tu que je m'y retrouve

   - Moi, dit grand-père songeur, j'aurais tant aimé étudier. J'aurais pu lire les livres comme ceux qui sont chez Monsieur le Curé qui parlent de Dieu ; comme ça, j'aurais pu Le connaître mieux et j'aurais peut-être pu comprendre tout ce que je ne m'explique pas bien.

    - Et pis après, t'en sais bien assez comme ça. Déjà que tu connais toutes les paroles de la Messe par cœur !

   - Ah! ça oui, je me les récite, et cela me donne beaucoup de bonheur, c'est beau, et plein de poésie et cela nous fait déjà participer à ce que sera notre vie dans l'au-delà. Tiens, quand le prêtre dit :

 

Comme cette eau se mêle au vin

pour le sacrement de l'Alliance,

puissions-nous être unis à la divinité

de Celui qui a pris notre humanité

 

  eh bien, moi, cela me rend heureux, confiant, en paix.

Grand-père est comme transfiguré par le bonheur de redire ces mots qui le font vivre :

   - Ben moi, je m'ennuie à la Messe, je trouve que c'est long et qu'on y parle de gens que je ne connais pas. Tiens, dimanche, voilà t-y pas qu'on nous causait de Melchisedoch ou j'sais pas qui…

Grand-père ne peut retenir un sourire complaisant :

   - Melchisedech était un grand prêtre du temps d'Abraham et il est une figure qui annonce Jésus qui nous donne le Pain de Vie [1] alors moi ça m'intéresse, tu comprends ?

   - La vie ouais, d'accord, mais ça sert à quoi la vie ? Je trouve ça nul. On vit, on meurt, on se reproduit et ça recommence pareil avec les mêmes embêtements, qui faut qu'on aille à l'école, et tout…

   - La vie ça sert à aimer, dit Antoine, Dieu nous a donné la vie pour que nous la donnions à notre tour.

Tu vois, moi, j'ai été heureux de planter mes pommes de terre ! Je me suis dit qu'au mois d'août, je les sortirai nombreuses, avec leur peau délicate qui s’écaille sous le pouce, quand on les sort de la terre…et puis…c'est toi qui les mangeras et tu grandiras alors tu comprendras peut-être le don de Dieu !Oh ! Mon petit, n'abîme pas la vie, elle est fragile et précieuse…

   - Ah, ben tiens ! Quand on entend les nouvelles ! Il y a plutôt de quoi être inquiet !…

   - C'est vrai, on entend raconter les horribles attentats, les résultats de la violence, de la haine, de la vengeance. Tout cela vient du manque d'amour entre les hommes et justement voilà pourquoi je veux tant te transmettre l'Évangile, la Bonne Nouvelle qui nous redit l'alliance de Dieu et des hommes et comment ceux-ci doivent s'aimer les uns les autres étant les fils d'une même Père.

Là encore, tu vois, les paroles de la Messe sont fortes et belles, écoute :

 

Délivre-nous de tout mal, Seigneur,

et donne la paix à notre temps ;

par ta miséricorde, libère-nous de tout péché,

rassure-nous devant les épreuves

en cette vie où nous espérons

le bonheur que tu promets

et l'avènement de Jésus-Christ, notre Sauveur.

 

Barthélemy ne peut s'empêcher d'être ému par la bonté de son grand-père, mais serait bien incapable de le lui exprimer. D'ailleurs, les copains doivent déjà l'attendre sur la place de la Mairie, il referme la porte doucement. Il a le temps d'apercevoir Antoine qui s'est mis à genoux devant l'icône près de la cheminée, celle qui représente Jésus avec un Livre sur la poitrine et qui fait un signe avec sa main droite, deux doigts levés et qui semble dire :

 

« Ecoute ma Parole : Je suis le Chemin, la Vérité, la Vie » [2]

 



[1] Evangile selon Saint Jean, 6, 35

[2] Evangile selon Saint Jean 6,35

mercredi, octobre 1 2008

1) Le violon perfide

Il était une fois un violoniste qui avait une grande habilité à manier l'archet, il habitait un nuage noir, et observait les hommes depuis sa cachette mobile. La corde dont il se servait le plus souvent était la chanterelle, cette corde de mi dont il tirait des sons cristallins enchanteurs. Il avait aussi l'habileté de faire sonner le grave, chaud et persuasif. Dès qu'un petit humain se réveillait, il accordait son violon aux pensées de celui- ci :

   - Tiens, se dit le père Antoine, il fait beau aujourd'hui, je vais aller planter mes pommes de terre.

                La bêche sur le dos, le père Antoine part, dans le matin frais, en direction de son jardin, au bout du village.

   - Seigneur, merci pour tant de beauté, murmure le vieil homme. Bénis, je te prie, le travail de ma journée.

   - Si, la, sol, mi, fa, si, ré…          

                Antoine perçoit soudain la mélodie subtile, susurrée si près de lui qu'il tourne la tête.

- Antoine, reprend la mélodie, pourquoi remercier le Seigneur, il ne t'entend pas… d'ailleurs, il ne t'a jamais répondu…

                Antoine se retourne et cherche qui lui a murmuré cette parole perfide. La mélodie se fait plus insistante :

   - Et puis, quand tu bêches, tu as mal aux reins.   Pour un travail béni,…c'est plutôt un travail maudit,… hi, hi, hi ! Si, la, sol, fa, fa, mi.

Antoine se frotte les yeux. Il est perplexe...

- Enfin, Seigneur, à l'instant, j'étais heureux, je chantais ta louange :

 

 

 

  Bénis Seigneur, mon âme.

  Seigneur, mon Dieu, tu es si grand !

  Vêtu de faste et d'éclat,

 drapé de lumière comme d'un manteau

  tu déploies les cieux comme une tente,

 tu bâtis sur les eaux tes chambres hautes ;

 faisant des nuées ton char,

 tu t'avances sur les ailes du vent ;

 tu prends les vents pour messagers

 pour serviteur un feu de flammes 

 

                Une brise légère vient caresser le visage d'Antoine, les premiers rayons du soleil qui se lève à l'horizon vibrent à travers les feuilles des hêtres du talus.

   - Seigneur, mon âme te cherche. Je t'appelle, bénis mon travail, je te prie.

                Le violon devient menaçant, les notes graves pénètrent dans le cœur inquiet d'Antoine :

    - La, fa, sol, mi, ré, ré…"Ton champ est moins beau que celui de Mathurin !  Regarde les chardons qui parsèment ton blé !

   - Ah, c'est vrai ! Mon travail a été gâché par une volée de mauvaises herbes !

Pourquoi Seigneur, as-tu créé les choses belles et bonnes, comme c'est dit dans la Genèse : " Et Dieu vit que cela était bon "                Pourquoi as-tu permis les chardons qui font mal ?

                Antoine chemine, la tête pleine de contradictions :

   - C'est vrai, chante la corde de la, doucereuse et mielleuse, tu t'échines à travailler, tu te donnes assez de mal, surtout avec ta jambe qui se traîne…et ta récolte est bien décevante. Repose-toi un peu, mon pauvre Antoine, assieds-toi et regarde dans ta sacoche, il y reste peut-être bien un petit morceau de pain ?

                Antoine s'arrête et fouille dans son sac. Le pain est encore frais. C'est Gaston, le boulanger, qui le lui a donné quand il est passé devant son fournil, au moment où il en ouvrait la porte et qu'une merveilleuse odeur s'échappait dans la ruelle encore endormie.

   - Ah ! Merci Seigneur, pour ce pain, "fruit de la terre et du travail des hommes"  

Antoine aimait à se remémorer ainsi les paroles sacrées de la Messe. Elles l'enchantaient et l'habitaient. Il mange avec respect, lentement, le pain croustillant. Hélas, ses dents étant fragiles, il doit mastiquer avec précaution. La voix suave en profite pour susurrer une nouvelle perfidie :

- Quand tu seras vieux, reprend-elle, tu ne pourras plus bêcher la terre. Que deviendras-tu ? Il faut bien dire que l'avenir est sombre depuis la mort de ta pauvre femme et Barthélemy, ton petit-fils, est encore bien jeune, celui que tu as en charge depuis l'accident qui a emporté ses parents…

Antoine se relève avec peine, il frotte ses reins :

Ne m'abandonne jamais Seigneur,

mon Dieu, ne sois pas loin de moi.

Viens vite à mon aide,

Seigneur, mon salut   

   - Ah ! Il faut que je finisse de planter mes pommes de terre, avant que le soleil ne soit trop haut.

La bêche rentre dans la terre bien travaillée avec facilité, mais le poids qui semblait léger au début, paraît s'alourdir de plus en plus au long des heures. Antoine fait une pause.

Il pense à Barthélemy.

   - Que peut-il faire en ce moment ? Allez courage, il faut que j'arrive à finir ma plate-bande avant ce soir.

La splendeur du soleil couchant enveloppe maintenant Antoine dans une douceur tendre. Le combat de la journée a été rude, mais Antoine murmure une dernière prière :

 

Je vais te rendre grâce, Seigneur, Roi

                               et te louer, Dieu mon sauveur

Je rends grâce à ton nom.

Car tu as été pour moi un protecteur et un soutien

et tu as délivré mon corps de la ruine.

du piège de la langue calomnieuse

et des lèvres qui fabriquent le mensonge. 

 

Antoine pousse maintenant la porte de sa vieille maison normande faite de silex, torchis et colombages (Ah ! il va falloir les repeindre !…)  A l'intérieur, le couvert est mis pour trois personnes, sur la grande table de chêne. La soupe embaume la pièce sombre, seulement éclairée par le feu dans l'âtre.

   - Tiens, Barthélemy n'est pas encore rentré !

dimanche, septembre 14 2008

Présentation de Grand-Père Antoine

L'action se passe dans un village imaginaire, Bosc-Saint-Georges, peut-être aux environs de Bourgtheroulde. C’est un village d’environ mille âmes et dans un lieu où les grandes surfaces n’ont pas encore aboli la vie locale, ce qui permet d’avoir une église, une mairie, une boulangerie, une mercerie, un garagiste, une fleuriste, une épicerie, de vrais paysans et tout ce qui fait le charme de la campagne et j’oubliais… des coqs qui chantent le matin, auxquels on n’a pas encore tordu le cou sous le prétexte que cela réveille les bourgeois qui, envahissant les résidences secondaires durant le week-end, ne supportent pas leurs chants matinaux, ni l’odeur du purin. Seul le bruit infernal des débroussailleuses ne les incommode pas.

Malheureusement, ce village idyllique commence à être traversé par la modernité et la télévision y opère ses ravages. D’où, mobylettes bruyantes, divorces déchirant les enfants, et parfois même quelques « incivilités »…

Heureusement, Saint Georges veille et aussi Saint Martin, le patron de la paroisse. C’est pourquoi, on bénéficie d’un prêtre exemplaire : le Père Gildas, de personnes dévouées : mademoiselle Yvonne, de jeunes sympathiques : Nicolas, Barthélemy, Cécile, Valentin et même Jonathan etc.…, de commerçants serviables, Germaine, Marcelline, Claude etc.…, de paysans authentiques : Grand-père Antoine, Mathurin, de servantes qui ne chronomètrent pas leur temps de présence au travail : Toinette et d’une organiste très jeune mais complètement conquise à la musique classique, ce qui, représentant une espèce en voie de disparition, est à protéger.